Punk's dead, Powerpop rises!


OVER THE STARS / LOST BEFOREHAND
Crust Caviar Records
Vous avez remarqué que certaines musiques possèdent un lien étroit avec notre mémoire ? Parfois, aussi inconsciemment que la madeleine de Proust, une musique ouvre la porte à des souvenirs, des sentiments, des remords, des regrets, etc. La perception d’un morceau sera différente pour chacun d’entre nous, de l’indifférence à la passion la plus intense. Parfois, nos réactions défient même toute tentative d’explication. Ainsi, pourquoi est-ce que j’ai la chair de poule à chaque écoute de certains morceaux d’Over the Stars ? Je pense avoir quelques réponses.
Tout d’abord parce que ces morceaux qui fleurent bon le pop-punk à la New Found Glory, ou Fall out Boys (avant que la simple évocation de cette formation ne me provoque de vives aigreurs d’estomac) sont passionnants. Au moins autant que ceux pondus par leurs illustres influences et largement plus que la plupart des groupes hexagonaux sévissant dans le même registre. Ici, on bascule entre emo-punk, powerpop, punk mélo… A vrai dire, peu importe. Jetons une oreille sur « Through the Cloud », ouverture de ce « Lost Beforehand ». Et bien, en quatre accords, me voilà galvanisé pour le reste de l’hiver. Je n’avais pas pris une telle décharge d’adrénaline depuis « Capture the Flag » de The Arteries. Chant classieux et maîtrisé (je me plante si je parle de Simon Neil de Biffy Clyro?), envolées lyriques au bal de fin d'année, pur style Get Up Kids ou Jimmy Eat World, un côté post-hardcore qui me ravit (je trouve quelques similitudes loin d'être déplaisantes avec leurs collègues de Mickey Randall), label de qualité (Crust Caviar Records, c'est Mickson, encore lui, mais vas-y, déclare lui ta flamme, mec!).
Over the Stars, tout est dans le titre. Les mots sont parfois inutiles. Album français de l'année, recta, ex-aequo avec Dead Pop Club. Yeah Dude!

Kicking Records
DEAD POP CLUB / HOME RAGE
Dead Pop Club traîne ses guêtres dans la scène Powerpop indé française depuis quelques plombes désormais, ponctuant son parcours de quelques bons skeuds sans prétention (Autopilot Off, Trailer Park), de contributions remarquées à des tributes (Seven Hate, Les Thugs) et autres compilations de bon aloi (Emmo Glam Connection, entre autres). Un pilier solide d’une scène un rien bancale de par sa confidentialité (il ne fait pas bon pousser les potards sur onze dans nos contrées). Un groupe qui vous accompagne, vous façonne un peu à son image, une sacrée béquille face aux aléas de l’existence.
Mais rien n’aurait pu augurer une telle déferlante. C’est pas compliqué, ce quatrième album est en tout point parfait. Tout simplement parce que son écoute me rappelle que je suis vivant. Home Rage c’est tout ce temps passé à suer comme un âne dans sa piaule pour de longues sessions de Air Guitar, à se prendre pour Eddie Van Halen, le air drum sur le volant de la caisse, à avaler les bornes sans reluquer dans le rétroviseur, direction nulle part. Home Rage c’est l’antidote idéal à toutes les petites contraintes de la vie, la paperasse inutile, les girlfriends prises de choux, les potes inconstants, ou l’hypocrisie d’un boss arriviste. Home Rage ne transpire ni la nostalgie, ni les regrets d’une jeunesse révolue. Les membres de Dead Pop Club ont beau avoir la trentaine bien sonnée, ils nous prouvent que c’est bien des petits plaisirs insignifiants de la vie, des séries teenage consommées au kilomètres, des heures passées dans les comics store ou dans les disquaires indés que doit venir l’inspiration des meilleurs groupes. Le grand voyage en terre inconnu,, c’est ici, et maintenant, et Dead Pop Club, c’est du même accabit que Weezer, The Descendents, Off with their Heads et Screaching Weasels. Et je vous dis ça plein d’entrain, sans même froncer un sourcil. Entre les mélodies catchy des premiers Donots, l’énergie pied au plancher de Teenage Bottlerocket, les pains dans la gueule de Thérapy? Ou Hot Water Music, pas besoin de me pousser dans les descentes.
Un groupe ultra référencé qui a l’honnêteté de citer ses sources (voir l‘excellent clip de David Basso tiré du morceau « Freaks and Geeks«  pour s‘en convaincre), de les foutre sur un piédestal, de les honorer avec ferveur. Cela donne un album de geeks qui s’assument pour des geeks qui ont bon goût. Cela donne surtout le meilleur album de powerpop de l’année, tous genres, tout pays confondus.