Indie Pop is not a matter of Fag


DOES IT OFFEND YOU,YEAH? / YOU HAVE NO IDEA WHAT YOU ARE GETTING YOURSELF INTO
Virgin Records
La schizophrénie n'est pas qu'une maladie, ici c'est un état d'esprit. Elle rend compte d'une hallucination éveillée : l'electro est rock, le rock electro. "We Are Rockstars" clame le quatuor fou plein de discernement. On coupe les étiquettes pour se sentir plus à l'aise, on peut danser habilement maintenant.  La voie est libre pour flotter sur du DIOY,Y? n'importe où.
En une poignée de singles, le groupe de Reading est parvenu à faire trembler toute l'Angleterre. Weird Science, Let's Make Out et We Are Rockstars depuis 2006, trois titres à la nitro immuable. Aujourd'hui il prouve avec le bien-nommé You Have No Idea What You're Getting Yourself Into qu'il peut s'étendre du dancefloor flouté au lendemain de cuite, de tubes imparables au tube d'aspirines il n'y a qu'un pas de danse.
Ce sont les mouvements de jambes qui comptent ici, aussi bien sur les effusions de sang de Battle Royale et Dawn of the Dead que les déviances pop, sur la fin, de Being Bad Feels Pretty Good et Epic Last Song. Le reste du corps réfléchit à la musique, simplement mais avec grand intérêt. Car chez DIOY,Y?, les mélodies sont puissantes mais travaillées, servies avec un grand verre d'eau afin de rester un bon moment en tête.
Tout l'album est une énième bande-son idéale à 'Human Traffic'. Malgré le bordel et ses références sanglantes au cinéma, tout rentre finalement dans l'ordre. De Let's Make Out et son hymne pénétrant et convulsif à un Attack Of The 60ft Lesbian Octopus plus LSD que série B, où DIOY,Y? reprennent le Stress de Justice pour l'exploser comme du papier à bulles pendant deux minutes pleinement éreintantes, on se laisse dominer par les montées et descentes avec une euphorie absolu. A une époque, pas si éloignée, il n'y avait que The Robocop Kraus pour procurer ce sentiment d'euphorie dévastateur.
Rares sont les groupes qui réussissent à jouer du Daft Punk à l'aide d'instruments rock. Explorant la dance à leur manière, DIOY,Y? mettent en boîte des robots passés du côté vocodé sur Human After All avec une maîtrise déconcertante pour un premier album – comme pouvait l'être Homework à l'époque. Ce n'est pas pour rien qu'ils seront en tournée aux États-Unis dès fin avril. Et ce n'est pas pour rien non plus qu'ils ont récemment été nommés par le Guardian Unlimited comme ayant le plus mauvais nom de groupe.

Offended ? Le groupe avoue avoir choisi le nom au hasard afin de pouvoir poster leurs démos sur myspace. En allumant la télé, ils tombent sur un épisode de 'The Office' duquel les premiers mots de Ricky Gervais sont "does it offend you, yeah?". Not at all!, le reste importe peu quand le talent est au rendez
-vous.
 
THE PEELIES / TOGETHER FOREVER
Lava Dance Records 2010
Chacun se donne du mal pour éviter d’illustrer un cliché ; en regardant les posters sur vos murs, les livres et les CD sur vos étagères, vous ne voyez qu’un être humain complet qui échappe aux catégories, qui a réussi à éviter les stéréotypes tout au long de sa vie. Toutefois si vous êtes un être humain de sexe masculin, en particulier un être humain de sexe masculin de vingt-quatre ans et des poussières, il y’a bien des chances pour que vous soyez déficient dans un domaine : les groupes de filles vous font furieusement bander. Et inutile de chercher des excuses ou d’argumenter platement, il y’aura toujours cette petite lueur au fond du caleçon qui donnera quelques mètres d’avance aux groupes de nenettes, dans le grand marathon rock’n roll. Les critiques comme moi (enfin comme j’ai pu l’être quand je bossais sur Musik Industry) sont obligés d’écouter beaucoup de disques qui, dans leur grande majorité, sont insipides et interchangeables. Du coup, quiconque sortant un album se fait irrémédiablement enfermer dans une petite boîte. The Peelies n’échappait pas à cette règle. Un groupe de filles. De jolies filles.
Ma découverte de ce groupe se joue sur un étonnant concours de circonstances doublé d’un sérieux coup de chance. Un peu comme leur propre formation. Histoires d’amitiés, de Texas et d’Eye-liner à ce que j’ai cru comprendre. Une formation qui se fait de manière naturelle, un cheminement dans le garage rock minimaliste (mais pas minimal) qui se fait les yeux grands ouverts, une naïveté touchante, des références de bon goût, et un sens de la mélodie indéniable. Toutes les histoires rock’n roll devraient commencer comme ça. Un premier effort gavé de sucreries indie-pop, proche d’un bon Grandaddy ou d’un Teenage Fan Club sous Romilar. Réécoutez leur «4766 Seconds - A short cut to Teenage Fan Club» pour vous en convaincre.
On se demande toujours comment on réagira à se genre de choses, mais je peux dire que j’ai vraiment été surpris quand les premières notes de «Does & Hoes» se sont glissées dans mon appartement. Tout démarre sur quelques notes de xylophone et son impact émotionnel repose presque exclusivement sur quatre accords, son premier couplet, ses chœurs enjoués et son attitude. En d’autres termes c’est une chanson pop et comme beaucoup d’autres chansons pop, elle est plus ou moins capable de tout. De nous émouvoir avant tout. Et c’est la meilleure friandise que vous puissiez vous offrir.
J’ai un faible tout particulier pour «Them», sa mélancolie à peine voilée par ce son à la limite du lo-fi et ses enchaînements très ramonesques. «The Devil and I», intro à la Fugazi, synthé cryptique à la Rocket from the Crypt, ambiance shoegaze pour gratte-barbichons. Le tout foutrement bien troussé. Elles doivent écouter The Bees, les pêcheurs de cabillauds venus de l’Ile de Wright, ou The Shins. Et s’enfiler du cinoche américain indépendant, des Kevin Smith. Ou tout ça en même temps.
Alors ouais, The Peelies ne révolutionnent rien. Tout comme on devine par intuition que leurs coups de riffs dans le garage mid-70’s ne cherche jamais à péter plus haut que son cul. Mais je n’arrive pas à écouter Together Forever sans me dire qu’il est joué par des musiciennes-nées. Pas des virtuoses qui pourraient gagner leur vie en jouant dans d’infâmes bars à cocktails. Juste des amis qui sentent, pensent, aiment et parlent en musique.
www.myspace.com/peelies